Jihad, Egypt
« Je ne voulais pas écrire sur cette expérience, puis j’ai réalisé que j’étais en train de fuir — c’est pour cela que j’envoie ce message si tard… Je me souviens que lorsque j’ai décidé de partir en voyage, je fuyais tout : ma famille, ma colère, les traditions et ce monde cruel. Je ne voulais plus regarder en arrière, mais je n’arrivais pas non plus à avancer. Puis je vous ai rencontrés.
J’ai pensé à quel point nous étions différents : nous ne mangeons pas la même nourriture, nous n’avons pas les mêmes traits, ni la même religion. Mais vous aviez l’air gentils, pas comme je m’y attendais. Alors je me suis demandé combien de temps allaient durer ces deux semaines avec vous et dans quel état j’allais me retrouver après avoir quitté mon travail et ma famille.
J’avais l’habitude d’être très courageuse, d’affronter tout et tout le monde, alors je n’y ai pas trop réfléchi.
Jour après jour, nous avons parlé, nous nous sommes aidés, nous avons mangé et tout partagé ensemble. Soudain, j’ai ressenti quelque chose de différent, et en réalité, c’était la première fois que je le ressentais. Je ne savais pas que c’était cela, l’amour — ni ce que cela voulait dire d’être aimée. Parce qu’avant, je n’en avais jamais reçu ; j’avais seulement l’habitude d’en donner.
Recevoir de l’amour de chacun d’entre vous m’a apporté une paix que je n’avais jamais connue auparavant. Je vois et je ressens tout différemment désormais, et je peux être moi-même. Je n’ai plus envie de fuir. J’ai compris que j’affrontais tout le monde… sauf moi.
Aujourd’hui, je suis fière de qui je suis, et je sens l’amour de Dieu au lieu d’en avoir peur, même quand je ne faisais rien de mal. Maintenant, je comprends à quel point c’est extraordinaire d’être si proches les uns des autres malgré notre diversité.
Quand j’étais enfant, je rêvais du paradis, mais je l’ai trouvé sur le Bel Espoir : notre maison, nos souvenirs, nos prières, nos rires et nos larmes. S’il y a un but pour lequel Dieu nous a créés dans ce monde, je crois que c’est celui-là… être un.
Je ne fuirai plus jamais, car vous êtes désormais tous en moi.
Je suis rentrée dans mon pays comme un feu : j’ai trouvé un nouveau travail extraordinaire, un téléphone, un foyer, et même des amis. Je vous vois dans tout ce qui m’entoure, et même en moi.
Nos adieux n’ont pas été faciles, mais je peux dire que cette expérience a guéri mon âme.
Pour finir, je veux vous dire que l’on ne peut pas changer le monde, mais on peut changer le monde de quelqu’un.
Merci à vous tous, car me changer n’était pas facile, et je continuerai à avancer dans la vie en portant vos mots, votre amour, vos étreintes chaleureuses, vos histoires et vos prières… jusqu’à ce que l’on se retrouve et que l’on partage tout à nouveau. »
Jihad
Publié le 12 décembre 2025 dans témoignages s8