Conférence de l’ONU à Nice, Med25 Bel-Espoir y était

A Nice, le 12 juin dernier, pour la conférence des Nations Unies sur l’Océan, UNOC3, Med25 Bel Espoir était présent représenté par le Père Alexis Leproux, Laetitia qui soutient A.Leproux dans l’organisation de med25 et Romain jeune participant de med24 et med25, en service civique chargé de communication.
Nous avons présenté le projet et la vocation des rencontres méditerranéennes durant une après-midi dédiée au initiatives pour la jeunesse.
Père Alexis Leproux
« Le projet des Rencontres Méditerranéennes est parti d’un constat simple : la mer comme le ciel n’a pas de frontière. Les dangers qui la menace viennent d’abord de nos guerres, de nos manières de vivre, de notre indifférence au vivant, des déséquilibres économiques et des tensions politiques. C’est un immense défi pour les organisations internationales de maintenir la paix, préalable incontournable à tout accord permettant de préserver notre planète, nos mers et nos océans en particulier. La paix s’apprend et se construit.
Nous avons pour cela voulu engager dès aujourd’hui la jeunesse de nos rives méditerranéennes dans une école de paix. Certes, les jeunes ne portent pas encore la responsabilité des grandes décisions qui protégeront demain notre environnement mais elle peut déjà, par sa manière de construire son avenir, personnel et collectif, intégrer ces deux composantes à nos yeux vitales pour la sauvegarde de la Méditerranée : la regarder et l’écouter pour ne pas laisser dépérir ; s’unir dans un processus solidaire international et méditerranéen en particulier pour la protéger.
Nos deux principes : Naviguer pour la comprendre, s’unir pour la préserver.
L’expérience de la navigation est une première étape fondatrice pour éveiller les consciences. Les jeunes y découvrent que la mer n’est un égout partagé mais un berceau, un bassin où la vie est donnée à profusion. Sa biodiversité, sous-marine et côtière, est décisive pour son équilibre. La voir et l’entendre sont des étapes éducatives qui valent plus que de nombreux slogans politiques. En vivant sur grand biome, on reçoit une leçon de chose. Le Bel Espoir est le symbole de cette éducation populaire et fraternelle à l’école de la mer que nous souhaitons pour notre avenir.
L’expérience du dialogue des cultures est une seconde étape fondatrice pour comprendre qu’on ne peut agir seul, qu’il faut se connaître pour apprendre à s’unir, que c’est ainsi que l’on trouve les réponses à ces défis. La mixité culturelle et l’apprentissage collectif permettent d’intégrer des manières d’agir solidaires et coordonnées. Apprendre à agir ensemble suppose de se connaitre et d’être en paix. La rivalité, les intérêts particuliers des états repliés sur eux-mêmes rendent impossible les décisions qui sauveront nos océans. La paix est ce bien nécessaire qui n’est pas seulement l’absence de la guerre. Elle est un engagement de tout instant pour coopérer.
Je remercie les instances internationales, nationales et les collectivités locales pour leur invitation et leur soutien. »
Romain
« L’horizon. Une ligne là-bas, au bout de la mer. Il joint la mer au ciel, le ciel à la mer. Il n’est pas inerte, ni une fin, non, il est éloquent d’ouverture, l’horizon est la droite qui mène au dialogue entre les mondes. Il nous accompagne à croire à ce qu’on ne peut pas voir. L’horizon ouvre notre regard, notre conscience, notre imagination. Il nous invite à s’y plonger, il nous attire, et il nous pousse presque à le suivre.
Le Bel-Espoir, ce bateau qui sillonne la Méditerranée depuis le début du mois de Mars, traverse les eaux avec comme cap cet horizon. A son bord, des jeunes de la Méditerranée croient en la force de cet appel. Leur courage est palpable, ils s’engagent à construire la paix par le dialogue, et à préserver notre maison commune. Le Bel-Espoir est une intuition vivante qui dit dans le silence de l’eau, la clameur de la mer, ses souffrances, ses peines, la colère des peuples qui la côtoie. Les eaux bleu de la Méditerranée se mélangent parfois au sang de ceux qui la traversent en ayant cru à cet horizon, car il reste fragile.
La mer, et la paix. Le dialogue de l’eau et la quête absolue du cœur de chacun. Voilà dans quoi j’ai embarqué.
J’ai rencontré l’immensité, cette maison qui m’est étrangère mais à laquelle je ne suis pas étranger. Cette masse d’eau est un foyer pour tant d’espèces. Là sous nos pieds, ils nous regardent depuis les profondeurs. La mer est leur maison, leur poumon, leur refuge, leur habitat, leurs montagnes et leurs vallées, leurs arbres et leurs champs, leurs familles et leurs amis.
La mer, elle nous déplace, elle bouscule profondément, elle nous écrase dans un premier temps par le mal qu’elle procure, le mal de mer nous ramène à renouer avec notre condition limitée. La mer nous humanise, elle nous ramène à la surface, ni plus haut, ni plus bas. Notre capitaine sur le bateau nous a dit le premier jour : “ la mer d’abord elle nous nettoie”, qu’est-ce-que cela signifie ? A bord on se connaît à peine qu’on échange des premières heures éprouvantes.
Cette immensité, cette intensité, cette authenticité, nous libère de nos frontières. On perd nos repères, le corps est déstabilisé, le cœur est vague et pourtant quand tout se pose, on est renouvelé, on respire une liberté juvénile.
L’esprit s’échappe alors en dehors de la coque du bateau, accompagné de la danse des dauphins dans la nuit de l’eau, l’infinité du tableau d’étoiles qui laisse se mouvoir les voiles devant lui, le son de la houle qui embrasse le bateau, le soleil et la lune qui dialoguent chaque jour. La vie qui s’exprime est si rare pour les yeux, qu’en mer ils se réjouissent de peu. »
Laetitia
« Sous ce ciel étoilé, cet univers qui nous émerveille est bien notre “maison commune”. Un bien inestimable, loin d’être une ressource infinie, et surtout un bien commun : par définition, ce n’est qu’ensemble qu’on pourra réussir à en prendre soin et à en user avec modération.
Lorsqu’on partage un espace, le partage même de cet espace nous force à agir ensemble, en coopération : chacun en a fait l’expérience aussi simplement que chez soi, en coloc, ou en famille : j’ai beau faire soigneusement ma vaisselle après chaque repas, si mon coloc n’en fait pas de même, l’évier reste sale et encombré.
Il en est de même pour la Mer Méditerranée : ce trésor de biodiversité nous oblige : personne ne peut agir seul et la coopération entre les peuples qui la bordent est un pré-requis indispensable à la préservation de cet écrin qui nous rassemble.
Mais loin d’être une contrainte, le partage de cette mer est une chance, une opportunité.
C’est la conviction qui habite l’Odyssée du Bel Espoir : plutôt que de voir cette mer comme un espace qui nous divise, une mer frontière voire un tombeau à ciel ouvert, nous souhaitons faire de la Méditerranée un continent liquide qui nous unit, une mer de paix. Ainsi la constitution des groupes de jeunes qui partent sur chacune des 8 sessions, de Barcelone à Marseille en passant par Tétouan, Bizerte, Durrës, Jounieh ou Istanbul, reflète la diversité des 5 rives de la Méditerranée ; et la vie à bord intègre nos altérités dans un désir de porter ensemble la protection de cette mer.
Evidemment, nous ne pouvons ignorer nos disparités et il faut avoir le courage de regarder ce qui divise : les conflits, la compétition pour l’énergie (pétrole, gaz), la responsabilité des multinationales, les interférences de puissances étrangères qui attisent les conflits ou en tirent profit, des constructions nationales inachevées ; des différentiels importants de niveau de vie qui poussent les plus déshérités à émigrer.
La question écologique est abordée de façon très différente selon les rives. Comment comparer Istanbul, Barcelone ou Beirut aux petits ports de pêches, aux côtes sauvages, ou aux nombreuses îles qui parsèment la mer. Même entre deux grandes métropoles qui pourtant se font face : quel contraste entre Monaco et Alexandrie. Les contraintes ne sont pas les mêmes dans une ville comme Alexandrie, qui forte de ses 6 millions d’habitants, doit déjà se battre pour leur fournir l’eau potable ou assurer une gestion propre du ramassage des ordures ménagères. On est heureux de voir ici l’engagement des collectivités locales, comme la Région Sud, territoire pilote en matière de transition écologique.
Et pourtant, la sauvegarde de la mer ne peut se passer de notre action solidaire, coordonnée. L’urgence climatique est aussi une urgence de solidarité qui doit remettre en question nos styles de vie et nous forcer à la paix ensemble.
Aussi, à bord du Bel Espoir, nous apprenons à vivre, non pas les uns à côté des autres, dans une ignorance feinte chacun selon sa culture et ses préoccupations, mais les uns avec les autres, les uns pour les autres et souvent même, les uns inspirant et se laissant inspirés des autres. La vie à bord est un incubateur de ce qui doit se vivre à l’échelle de nos rives. Ceux qui sont à l’aise avec les questions environnementales accompagnent ceux qui les découvrent pour la première fois. La gestion millimétrée des ressources se pose chaque jour, notamment en eau et en électricité, car les ressources à bord sont limitées. Ainsi prendre une douche ou recharger son téléphone deviennent des actes concrets auxquels on réfléchit à deux fois. La réduction des déchets évidemment et l’attention à chaque instant à ce que rien ne s’envole vers le bleu azur de la mer qui nous entoure.
Les groupes de travail et les conférences sont l’occasion de croiser nos réalités : ainsi, Marc, un jeune égyptien de 29 ans qui vit à Alexandrie, nous a exprimé combien il avait été surpris et impressionné de rencontrer des jeunes qui étaient venus en train jusqu’à Palerme en Sicile, car ils ne prennent plus l’avion pour raison écologique. Des actes plus anodins du quotidien, comme de réutiliser plusieurs fois le même sachet de thé, sont aussi l’occasion toute bête d’une discussion sur la consommation raisonnable et raisonnée.
Cette expérience à bord du Bel Espoir est vécue comme un catalyseur de ce que nous sommes appelés à vivre chaque jour, de retour chez nous et à distance parfois les uns des autres mais habités d’une même conviction : cette mer est notre responsabilité partagée, nous sommes tous, ensemble, responsables de ce bien. La construction d’une culture de la rencontre et la paix entre les peuples en sont un préalable incontournable. »
Nous demandons un soutien des états pour notre école de paix et de solidarité :
- Par une plus grande mobilité pour les jeunes qui se forment et nous plaidons pour un erasmus solidaire de la Méditerranée
- Par le développement de ressources pédagogiques et scientifiques, accessibles et gratuites
- Par la mise en place d’un fond pour l’éducation à la paix et au dialogue des cultures comme vecteur d’une écologie intégrale et solidaire, capable d’engager tous les peuples de la Méditerranée.
Publié le 16 juin 2025